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La moitié des violences faites aux femmes, ont lieu dans le cercle familial, précise une enquête nationale sur le suivi des objectifs du millénaire pour le développement (Ensomd), parue en 2020.
Ces chiffres élevés s’expliquent par la tradition patriarcale et la forte tolérance vis-à-vis des violences fondées sur le genre à Madagascar : près d’une personne sur deux, tous sexes confondus, estime normal qu’un conjoint batte son épouse, selon le Fond des Nations Unies pour la population (FNUAP).
À Madagascar, un des pays les plus pauvres au monde, le poids de la tradition est désastreux pour les femmes, constate Simon Ravelojaona, coordonnateur du Centre d’écoute et de conseil juridique (CECJ) d’Ambovombe, spécialisé dans le soutien aux femmes victimes de violences.
Les villageois ne considèrent pas les femmes comme des membres à part entière de la société, et elles subissent des humiliations tout au long de leur vie. La femme n’a pas le droit de s’exprimer. En cas de divorce, elle ne reçoit rien de son mari. Elle n’hérite de rien. Si elle ne donne pas naissance à un garçon, elle ne doit pas être enterrée dans le tombeau de son mari. C’est comme ça, la vie des femmes à Madagascar.
Plainte payante
Pas surprenant dans ce contexte que seuls 5% des cas d'agressions finissent devant la justice, selon Simon Ravelojaona. Par résignation, honte, pression sociale, méconnaissance de leurs droits ou manque de moyens, la majorité des femmes ne portent pas plainte. «À la gendarmerie, tu dois payer pour poursuivre en justice une personne», explique Sourayah Banou Vololomihaingo, responsable du CECJ.
Fin 2019, après des débats houleux, Madagascar a adopté une loi réprimant les violences fondées sur le genre, notamment «la violence physique, sexuelle, psychologique et économique exercée au sein de la famille (...) y compris les pratiques traditionnelles préjudiciables aux deux sexes». Elle prévoit des peines de six mois à cinq ans de prison et des amendes de 250 euros maximum.
L'écrasante domination de l'homme sur la femme a de multiples répercussions, notamment sur le contrôle des naissances. Dans la région d'Ambovombe, avec l'aide du Japon et de l'ONU, «le planning familial est très accessible à tous, mais l'opposition des hommes bloque tout», regrette le Dr Robena Razafindratovonimanana. Alors il n'est pas rare de croiser des familles de... 15 enfants !
«Mon mari m'a battue quand je lui ai demandé si je pouvais bénéficier du planning familial», raconte Juliette Vahinala, 45 ans et huit enfants. «Il a pensé que je voulais le tromper sans crainte de tomber enceinte d'un autre homme».
En plus des coups, il y a aussi de très nombreux viols, dénonce le commandant de brigade de la gendarmerie de Tsihombe (30 km d'Ambovombe), Clovis Rakotoninaina.
Dans la majorité des cas, regrette l'officier, soit il est impossible d'identifier le violeur, soit la famille règle le problème «à l'amiable» avec l'auteur. «Il y a même des familles qui viennent me faire des reproches lorsque je défère devant le parquet, sans leur accord, le dossier du viol de leur fille. Car selon eux, je viens de détruire leur cohésion sociale», déplore Clovis Rakotoninaina.
Face au très faible taux de plaintes, le CECJ a récemment mis en place une solution originale: il propose aux hommes violents de s'engager par écrit à ne plus agresser leur victime. Pour l'instant sans grand succès.
La seule solution, c'est «un dialogue social». «Il est temps qu'on discute avec les villageois de l'effet néfaste de certaines traditions et de l'importance de la loi contre les violences fondées sur le genre».
Durant ce mois d’août 2022, une réunion organisée par les autorités judiciaires malgaches, dans chaque grande ville de Madagascar, a rassemblé tous les responsables de centres sociaux accueillant des enfants, pour leur demander expressément de ne plus garder dans les foyers les jeunes majeurs et de les remplacer par des très jeunes, et cela en urgence. Des représentants des juges se rendront dans chaque foyer pour faire le point.
La violence et les abandons dus à la misère, accrus par la pandémie, par la fuite des entreprises étrangères et des touristes, ont fait exploser la misère de manière catastrophique, ainsi que le nombre des viols, l’éclatement des familles et les abandons de très jeunes enfants, bien qu’une loi récente sanctionne très sévèrement les abandons.
Ce projet concernant le Foyer KOLOINA est soutenu et mené en concertation avec :
Nous sommes en liaison avec les autorités locales : Brigade des mœurs, juges pour enfants, Ministère des affaires sociales (DIRPAS), Psychologue, avocat... le but étant d’inciter les jeunes filles à aller de l’avant et à se défendre tant juridiquement que physiquement en ayant pleinement connaissance de leurs droits. Des cours de karaté ont été organisés avec l’Alliance Française à raison de 4 h par semaine.
La cheffe de la Brigade des mœurs intervient régulièrement au foyer pour informer les jeunes filles sur leurs droits en tant que femmes, épouses et mères, et pour les familiariser avec la brigade des mœurs afin qu’elles « osent » franchir la porte d’un commissariat pour déposer plainte en cas de nécessité.
Création d’une caisse de solidarité de 5000 € pour apporter une aide immédiate aux koloïnettes en souffrance :